Via Rhona Episode 5
- Par romain catusse
- Le 09/11/2020
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pour jardiner un peu. Valence est à 35 kms, je continue, nous verrons.
Je poursuis donc ma route le long du fleuve et des plantations fruitières. Le soleil tape fort, les passages sous les arbres sont agréables. Les mûres et prunes jaunes picorés ici ou là, hachent un temps ma performance sportive. Je roule depuis le lever du soleil avec plaisir et regard émerveillé. Mais, je sens que le corps faiblit. Je choisis donc de conserver le plaisir du voyage, en prenant le train de Valence à Lyon. Je m’en vais donc trouver la gare de Valence, et retrouve la joie du feu rouge, arrêt, pied à terre, pied sur pédale, appui fort, lancer de vélo, démarrage en danseuse. La gare est là, les terrasse des cafés sont pleines et bruyantes. La population se croise, s’active, dégage une énergie dynamique. C’est un retour dans la vie active citadine après un périple solitaire dans un cadre naturel, mais aménagé par l’homme.
Le temps de prendre mon billet, et me voilà installé sur ma banquette, pour une heure de rails en mode pilotage automatique. Posé et forces déposées, je lutte pour garder les yeux ouverts. Je dois m’absenter tout de même quelques secondes ici ou là, tête légère posée contre la vitre, corps lourd avachi sur le siège. Cette pause me sera bénéfique. J’arrive en gare de Jean Macé, réactive le corps, n’oublie aucun bagage et enfourche une dernière fois mon moyen de transport. De suite, je décide de rejoindre les quais du Rhône pour retrouver un semblant de tranquillité, et poursuivre la trace de la Via Rhona. Tranquille sans danger automobile, mais le monde est partout. Le soleil brille, le vent est doux, la foule se déplace, se promène ou se fossilise sur les divers bancs, marches et espaces de pose, ou pause.
Je me faufile avec cet étrange sentiment de légèreté sur ce chemin connu, et de craintes à l’idée de finir ce trajet, et donc cette aventure. J’observe, pédale en douceur, profite… Puis, c’est un dernier défi que je m’impose sans difficulté. Se lever, trouver l’équilibre, se mettre en danseuse pour augmenter la vitesse. Se gainer, se porter vers l’avant, puissant et droit vers la ligne blanche d’arrivée. Tout donner, finir à bloc, arriver au plus tôt, au plus vite, pour savourer l’effort total. Découvrir et utiliser la moindre énergie du corps pour atteindre le maximum, la limite. Se sentir fort, puissant pour aller vers le vide, l’épuisement.
Certain pense que je suis compétiteur pour gagner les autres. Ce n’est pas le cas. Bien sur, le résultat mathématique d’un classement, sur un nombre défini de participants, est une statistique qui honore les meilleurs. Je la regarde, me compare. Mais je la compare à mes performances passées pour savoir ou j’en suis. Car je suis. Je cours, pédale ou nage, donc je suis. Moi, seul, face à la souffrance physique et mentale, que la performance sportive demande. Jamais, je ne veux être meilleur que la personne devant moi. Je veux être meilleur que moi. Donner mon maximum et ne pas avoir de regrets. Gagner contre ma souffrance, gagner contre le temps, la nature, mais pas contre celui qui s’est entrainé comme moi. Il fait sa course avec difficultés ou plaisirs. Moi avec plaisir de tout donner, de la sensation. Le plaisir de courir au coeur d’une forêt. Le plaisir de nager dans l’eau salée. Le plaisir de pédaler à travers champs et étangs. Le plaisir de vivre. Prendre du plaisir.
Et le plaisir s’est démultiplié à l’ouverture automatique de mon portail en bois. Vélo déposé au coeur de la cour, ouverture de la maison, grenadine servie, direction le potager pour trouver son dîner de récompense. Haricots trop long à faire… salade verte oui, tomates, rouges de chaleur, framboises, carottes oui, et un artichaut à cuire le temps de la douche. Parfait, tout est là, place à la douche puis la cuisine.
Mon repas d’arrivée est donc composé de tomates cerises rouges, roses, jaunes ou noires. Salade verte accompagnée de tomates, maïs, thon et lardons. Le succulent artichaut précède un yaourt désiré et des framboises non mangé par les enfants pour une fois.
Cette petite aventure cycliste était un régal. Un trip sportif à refaire différemment, un trip sportif que je te conseille. La Via Rhône est belle à visiter sur quelques kilomètres… A toi de choisir le nombre!
Fin Version B
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