Via Rhona Episode 2
- Par romain catusse
- Le 04/10/2020
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Caderousse est le village recherché sur chaque panneau de la via rhona. Extrêmement bien fourni en signalétiques; à chaque intersection, aucun doute sur la direction à poursuivre. Les panneaux s'enchaînent, les portions de champs de lavandes viennent colorer les vignes, les cigales sont toujours là, c'est un moment de sport solo très agréable.
Caderousse est protégé par une muraille circulaire. Je l'a contourne puisque l'idée est de trouver le cimetière. Pas de visite pour le travail de généalogie, mais le besoin de remplir les réserves d'eau. Sache que si un jour, tu es en manque d'hydratation sur une randonnée ou un footing, tu trouveras toujours un robinet d'eau potable a l'entrée des cimetières. Ce robinet a pour objectif l'arrosage des plantes offertes à nos ailleux. Bref, pause boisson, demi baguette de pain, une orange et c'est reparti! Je rentre dans la ville, retrouve la via rhona et tourne les jambes sans le cerveau. Il me faut 10 minutes pour me dire que je connais ce paysage, mais à l'envers! Bref, à la première intersection j'ai la confirmation que je rebrousse chemin. Demi tour, de nouveau caderousse, sa muraille, ses pavés, ses jolies maisons et sa bifurcation qui me fait partir de l'autre côté du Rhône.
Ce fleuve que je n'ai pas encore vu s’offre à moi pour la prochaine heure de route. Le long du Rhône, je découvre des carrières, de grandes surfaces de panneaux solaires, des bras du fleuve orienté vers l’hydratation des champs céréaliers. La piste est droite, lisse, parallèle au cours d’eau, le vent s’est couché, les jambes déroulent bien. Cette longue remontée vers le nord prend fin par l’arrivée au village de Mornas, après une approche forestière. Mornas, c’est le village qui accueille ce château perché, et éclairé la nuit, que tu vois sur ta gauche juste avant l’arrivée à la bifurcation d’Orange. Une pause à prévoir avec les enfants lors d’un futur voyage, pour qu’ils s’imaginent chevalier au moyen âge, en visitant les ruines de ce château fort.
Les premiers vergers de cerisiers, poiriers et pommiers font leur apparition. Alors que le soleil entame sa descente, je me retrouve le long de l’A7 pour une remontée vers Mondragon. Je commence à me dire que le timing ne sera pas bon si la nuit m’oblige à poser la tente en voisin de l’autoroute. Mais, une fois Mondragon passé, je m’enfonce dans les vergers, vers l’ouest, et m’éloigne de l’autoroute du soleil. Les premiers champs de blé fauché me donne l’idée de trouver ce type d’offrande de l’homme, pour emprunter la paille et m’en faire un matelas douillet. Après quelques kilomètres, une petite route desservant plus de champs que de maisons, m’emmène direction Pont Saint Esprit. Et là, l’idéal surgit. Je fais face à une intersection située entre un verger de poiriers et un champ de blé fauché, chauffé par le soleil, pour sécher sa paille.
C’est décidé, je passerai la nuit ici. Très vite, je m’active, la lumière naturelle tend à disparaitre. Je vide le vélo de toutes mes affaires, j’emprunte de la paille pour me faire un matelas sur cette terre sèchée caniculairement. J’installe la tente, plus vite que la veille, lorsque le fiston voulait m’aider. Une poire ramassée au sol, et je m’enferme dans mon scaphandre au coeur de la nature ardéchoise. Le festin du soir se résume à cette poire, la seconde moitié de baguette et de l’eau, beaucoup d’eau. La fatigue ne me fait pas veiller. Réveil réglé à 5h comme le soleil, serein et fatigué, je m’endors.
Bien débutée, la nuit vire au cauchemar. Aucun dérangement, un sol moelleux, des bêtes en sommeil, des conditions idéales. Et pourtant. Mon cerveau me joue des tours. Il s’inquiète d’être réveillé par des ouvriers venant ramasser les poires, aux premières lueurs du jour. Le cauchemar est composé d’ouvriers surpris de me voir, d’un patron énervé de me voir et moi, pressé de ne plus les voir! Mais, certains ouvriers profitent de mon envie de déguerpir rapidement et volent ma lampe torche ou ma sacoche. Explications musclées, misère et fatigue lu dans leurs yeux, tristesse. D’autres ouvriers, torches enflammées dans le poing, viennent demander une augmentation au patron. Feu qui démarre au loin, la panique et les cris s’intensifient, je me sens tout petit au milieu de ce brouhaha cafarnaum qui m’encercle. Bref, je me réveille en sueur à 4h du matin en pleine nuit calme.
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